𝗟𝗲𝘁𝘁𝗿𝗲 𝗼𝘂𝘃𝗲𝗿𝘁𝗲 à 𝗠𝗼𝗻𝘀𝗶𝗲𝘂𝗿 𝗟𝘂𝗿𝘁𝗼𝗻, 𝗺𝗮𝗶𝗿𝗲 𝗱𝗲 𝗦𝘁 𝗠𝗮𝗹𝗼

Monsieur le Maire, j'ai assisté aux mois d’avril/mai à quatre de vos réunions de mi-mandat dans quatre différents quartiers de St Malo pour mieux apprécier votre travail et celui de votre équipe pour notre ville. Dont celle en salle Ste Anne pour Intra-Muros. Le temps m'a permis de réfléchir à certains de vos propos pour arriver au constat suivant.

Les habitants de St Malo ont de la chance de vous avoir. Vous êtes un bourreau de travail proche des habitants, vous maîtrisez les dossiers, et connaissez tout le monde. Votre réseau touche jusqu'aux coulisses des hautes fonctions de l’Etat, ce qui est certainement en faveur de vos administrés. Vous rendez service, à discrétion, dès que vous en saisissez l'opportunité. Vous êtes de toutes les cérémonies, inaugurations, et autres réjouissances entre vieux camarades. Vous êtes donc (presque) au service du peuple. J’ai cependant aujourd'hui l’intime conviction, partagée avec un nombre grandissant de malouin(e)s désenchanté(e)s, que vous n'êtes pas au bon poste à la mairie. Et pardon si c’est encore moi qui l’exprime publiquement. Mais il faut que ce soit fait.

En tant que Président du deuxième comité (pro actif) de quartier d’Intra-Muros, la goutte d'eau qui me fait vous écrire, est tombée le 4 mai 2023, en vous entendant dire aux habitants d’Intra-Muros qui veulent voir s'améliorer le stationnement et la circulation, conditions nécessaires au maintien (et au retour) de l’habitat permanent dans le centre-ville historique, qu'il fallait d’abord, je vous cite : “qu’ils se mettent d’accord avec les commerçants”. Tiens donc ! Saint-Malo est une ville auto-gérée maintenant? N'est-ce pas votre mission d’élu de trancher et prendre des décisions? Et donc quoi, ce sont encore quelques Messieurs de St Malo qui décident aujourd’hui ? Avez-vous conscience de ce qu’est devenu Intra-Muros à cause de ce genre de postures Monsieur Lurton?

Et ne me dites pas, comme votre conseillère municipale “en charge” d’intra-muros (qui connaît aussi bien les lieux que je connais la Lune) que c’était une boutade. Puisque les faits se vérifient depuis (trop) longtemps. J’en profite au passage pour la remercier personnellement pour son absence en ce jeudi 20 juillet 2023 à sa permanence de quartier sans prévenir. N’étant pas personnellement à la retraite, il faut déjà prendre sur mon temps de travail pour avoir « la chance » de pouvoir communiquer face à face avec un élu. Mais ce matin, porte close. Aucun avertissement préalable. Aucune note sur la porte. Rien. C’est finalement une très gentille employée municipale qui, me voyant attendre dans la cour de la mairie, est allée se renseigner en intérieur avant de revenir me dire que la réunion mensuelle avait été reportée à la semaine suivante sans prévenir. Ayant croisé Mr Kinié en repartant, il pourra vous confirmer les faits. Ne vous étonnez pas que les plus jeunes malouins ne puissent déjà pas se déplacer un jour de semaine, mais qu’en plus ils soient découragés devant ce manque d’égard, d’organisation et de communication des membres de votre équipe. Parenthèse fermée.

Revenons en à nos moutons. Ce n'est pas compliqué de réserver l’accès à Intra-Muros aux résidents et commerçants pendant les pics de fréquentation touristique. Ne serait ce que juillet/août. Ça a (presque) été bien fait lors de la dernière Route du Rhum... A ce détail près qu'il n'y avait pas les effectifs de police suffisants au contrôle (contrairement à 2018) et que ce fut un sacré bazar au final! (Je vous entends encore dire précipitamment à la fin d’une réunion publique en janvier 2023, que « tout s’était très bien passé à la Route du Rhum ». Méthode Coué?).

Vous voulez vraiment rendre Intra-Muros vivable? Favoriser le retour à l’habitat permanent? Apaiser les tensions? Fédérer dans l’intérêt général? Commencez par ça, vous qui venez travailler avec un accès VIP et parking gratuit dans la cour du château au pied de votre bureau!

Ce n’est pas compliqué non plus de dire à quelques grincheux venus passer leur retraite intra-muros qu’ils se sont peut-être trompés d'endroit. Êtes-vous donc incapables, vous et Mme Abadie, de rappeler à ces tristes gens qu'il est absurde de réclamer le silence dans un centre-ville touristique rempli de commerces « vivants »? Non, votre adjointe préfère (encore) mentir pour ne pas avoir à se froisser avec quelque potentiel futur électeur. Quel courage! Et pendant ce temps là, St Malo dormait comme chantait déjà Voulzy en son temps…

Autre chose, il paraît désormais évident, et les exemples ne me manquent pas vous le savez, que vous vous êtes très mal entouré dans votre quête du chateau. Personnellement, j’ai été ravi d'entendre en réunion que vous aviez dans votre salon une jolie peinture de la Halle aux blés, réalisée par le papa de M. Crance. Quelle anecdote intéressante… Mais la salle comble aurait plutôt aimé vous écouter nous dire quelque chose de pertinent sur l’avenir de ce bâtiment dont le règlement poussiéreux des marchés date de M. Sauvée… Et nous expliquer la vérité sur le pourquoi Mme Abadie a refusé l’installation d’un boucher en son sein alors que les habitants le réclament depuis longtemps. (Lettre de refus en ma possession à l’appui).

Une équipe “jeune et dynamique” m’avait dit votre premier adjoint un jour en 2021. Autant les malouins avaient porté quelques espoirs en vous, ce qui était bien légitime, autant j’avais eu envie de rire tant le bruit de ses canines sur le parquet ne présageait rien de bon pour le mandat à venir. On aura entendu la même phrase tous les 6 ans Monsieur Lurton. Ni plus, ni moins.

Notre centre-ville historique, emblème de Saint-Malo à travers le monde, se vide de ses habitants depuis des années, chassés par des résidences secondaires, des locations courtes durées, des magasins pour touristes, ou une poignée de retraités venus d’ailleurs qui aimeraient faire d'Intra-Muros une maison de repos.

Le tourisme de masse est encouragé par des campagnes publicitaires en 4x3 d’un autre temps dans les métros parisiens. 140.000€ d’argent public pour venir “vite respirer” (l’air de la Timac?) à St Malo en TGV. Il paraît, selon votre équipe, que l’idée du « Vite, respirez » vient de vous. Pour remplacer un « Vite, ralentissez » qui n’était pas à votre goût…

Une partie des malouins Extra-Muros a fini, il y a déjà longtemps, par ne plus fréquenter le cœur de la ville et par le détester, tant il est devenu un vrai Mont Saint-Michel, sans l'Archange… C’est ça l’héritage Corsaire des enfants spirituels du Roi René?? Et pendant ce temps là, les autres quartiers quant à eux, se sentent les grands oubliés de la promotion et animation de la ville.

Et donc vous, pour reprendre les termes de votre conseiller(?) de cabinet qui a l’air lui aussi de connaître aussi bien la ville que moi son village outre Rance, vous “ménagez la chèvre et le chou” sur des sujets de fond importants, espérant qu’une solution miracle soit trouvée entre habitants et commerçants pour la circulation et stationnement Intra-Muros. Vous essayez de gagner du temps n’est ce pas? Pour refiler la « patate chaude » au suivant? Ce temps pendant lequel notre centre-ville historique devient de plus en plus invivable. Ce si beau quartier que vous semblez si mal aimer. Ce sont les gens comme vous qui l’ont laissé dépérir par manque de courage. Le laissant se « Mont-Saint Micheliser » alors qu’il existe des solutions pour éviter cela. Chateaubriand doit se retourner outre-tombe.

Né à St Malo il y a 44 ans, je fais partie de cette génération qui vous aura vu, vous et vos deux prédécesseurs, faire de notre beau centre-ville historique une coquille vide, sans âme, triste. Je suis d’une  génération de malouins désenchantés par 30 ans de politique du tout-tourisme irréfléchi. Le tourisme oui. Bien sûr! Avec grand plaisir. Quelle chance! C’est un pan de l’économie vital pour la ville. Et quel plaisir depuis toujours de recevoir fièrement nos visiteurs dans ce que j’appelle la plus belle ville du monde. Mais plus n’importe comment. Et pas au détriment des habitants. C’est bien cela le problème. Pas le tourisme en lui-même. Les années 80 sont loin, Monsieur Lurton. Et un peu de réorganisation pour le bien être des habitants devient urgent.

Enfin, j’ai bien noté que vous aimiez beaucoup une phrase, que vous avez ressortie systématiquement à chacune des quatre réunions de mi-mandat auxquelles j’ai assisté. “Il ne faut pas confondre la somme des intérêts particuliers avec l’intérêt général”. Très pratique pour botter en touche et ne pas prendre en compte certains griefs des malouins. À l’Assemblée Nationale ok. Facile. Mais avec vos administrés d’Intra-Muros, pardon mais ça passe moyennement votre vision de « l’intérêt général ». Vous faites exactement l’inverse.

J’ai une autre belle phrase pour terminer si vous voulez bien Monsieur Lurton: “Celui qui veut réussir trouve un moyen. Celui qui ne veut rien faire trouve une excuse”. Ça vous plait? Deux ans que j’ai eu l’occasion de voir de près le travail et l’attitude de certains membres de votre équipe. Le bilan de mi-mandat pour Intra-Muros n'est pas glorieux. Sur le terrain, on entend de plus en plus que si on n’a besoin de rien, on peut vous appeler.

Et quelle équipe encore une fois! Vous n’avez pas choisi les meilleurs, vous avez juste choisi les plus dociles. C’est tout. Quelle déception pour beaucoup de malouins franchement. Le seul LIEN existant dans « Saint-Malo notre lien » étant visiblement celui entre vous tous et quelques vieux camarades. Que votre équipe vous admire, c’est légitime. Vous avez passé votre vie à vous démener pour les gens. Mais occupez vous sérieusement d’Intra Muros pendant le temps qu’il vous reste au chateau. Vous pouvez le faire. Vous devez le faire! Vous avez encore trois ans pour redresser la barre Capitaine. Svp.

Semper Fidelis

Philippe Colas

Président de Réveillons Saint-Malo, deuxième comité de quartier d’Intra-Muros. (Celui qui n’est pas invité à vos nouveaux petits déjeuners des Présidents de comités de quartier. N’ayez pas peur, je ne mords pas, je suis juste un malouin franc du collier profondément amoureux de St Malo depuis sa naissance. Et quelque peu agacé avec le temps, je dois bien l’avouer, par un certain immobilisme tenace.)